La malédiction selon Saint-Jacques

Les larmes des supporteurs suisses ont remplacé les trombes d'eau
venues du ciel, alors que l'équipe de Suisse devenait la première
équipe éliminée de l'UEFA EURO 2008™. Le St. Jakob-Park devait devenir
le théâtre de leurs rêves, il restera à jamais hanté par un mois de
juin qui promet d'être dur, très dur à oublier.

Scénario catastrophe
Lorsqu'Arda
Turan propulsait au fond des buts de Diego Benaglio le ballon envoyant
la Suisse en enfer, le joueur turc ne faisait que mettre un point final
à quatre jours cauchemardesques pour le football helvétique, qui
attendait fièvreusement "son" EURO depuis près de six ans. De la
blessure d'Alexander Frei au but fatidique, les 180 premières minutes
de cette phase finale auront écrit un véritable scénario catastrophe.

Symboles
Ce
deuxième match face à la Turquie semblait pourtant promettre une belle
histoire. Soudés par l'envie d'offrir une victoire à leur capitaine
blessé, les Suisses alignaient trois joueurs d'origine turque au coup
d'envoi. Gökhan Inler, Eren Derdiyok et Hakan Yakin, nés en Suisse,
avaient reconnu leur attachement à leur pays d'origine tout en
promettant être prêts à tout donner pour vaincre et permettre à la Nati
d'espérer encore. L'ouverture du score de Yakin sur passe de Derdiyok,
son geste d'affection à Frei après son but, autant de symboles qui
redonnaient le sourire à Köbi Kuhn et à tout un pays.

Balle de match manquée
La
chute n'en aura été que plus dure. La deuxième mi-temps était dominée
par les Suisses, mais ce sont bien Semih Sentürk et Arda Turan qui
trouvaient le chemin des filets, le deuxième quelques minutes après que
Yakin, ironiquement, eut pour la deuxième fois galvaudé une occasion
qui aurait dû offrir la victoire aux siens. La Turquie prenait sa
revanche sur son élimination en barrages de la dernière Coupe du Monde
de la FIFA, et les symboles changeaient de camp.

La barre de Vonlanthen
Quatre
jours plus tôt, la chance avait également pris le parti de
l'adversaire. Cette fois, il était tchèque. La frappe de Johan
Vonlanthen trouvait la barre à la 80e minute, alors que neuf minutes
plus tôt Václav Sverkoš avait lui profité d'une des seules occasions de
but des siens, le tout sous les yeux d'un Frei soutenu par des
béquilles, coupé dans son élan quelques minutes plus tôt alors qu'il
affichait une forme resplendissante. Des indices, déjà, d'une
malédiction dont beaucoup ne manqueront pas de décréter la présence
au-dessus du St. Jakob-Park.

Saint-Jacques : et maintenant ?
Inauguré
en 2001, ce stade avait été le premier de la nouvelle génération de
stades suisses. Appelé à devenir la cathédrale de l'équipe nationale,
il n'aura pas eu le destin glorieux du Stade de France, et l'EURO y
laissera une plaie géante, qui pourrait prendre beaucoup de temps à
guérir. Pour la campagne de qualification pour la Coupe du Monde de la
FIFA 2010, il pourrait bien être décidé de tenir la Nati éloignée de
Bâle, ville où bat le cœur du football suisse. Un cœur aujourd'hui
profondément meurtri.